Contexte global

    Publié le 19-12-2019 par Nathanaël

    Le contexte socio-économique de Madagascar est alarmant au niveau national et ce sur de nombreux aspects. Tous les indicateurs de survie et de développement sont au rouge dans un pays qui reste depuis de nombreuses décennies parmi les pays les plus pauvres. Sur une population de bientôt 25 millions, 82% vit en dessous du seuil de pauvreté. Cette situation extrême contraste avec les richesses naturelles que possèdent le pays, à tel point qu’une étude récente de l’IRD a été intitulée par ses auteurs « l’énigme et le paradoxe malgache » . Ces chercheurs tentent d’expliquer la chute inexorable du PIB depuis l’indépendance de ce pays qui n’a pas connu de conflit majeur. Ils disent : « la trajectoire économique à long terme de Madagascar constitue un véritable mystère, qui au-delà du cas spécifique interroge plus largement les ressorts même de la divergence des processus de développement observés au niveau mondial » . Sans s’attarder sur les causes (facteurs internes externes, crises politiques luttes de pouvoir et prédation des ressources naturelles au profit de mafias locales et étrangères), force est de constater que Madagascar traîne pour atteindre les objectifs pour le développement durable. Pour ce qui est de l’éducation le pays s’éloigne même de ce critère essentiel du développement avec un taux de scolarisation qui est passé de 83% en 2005 à 69% en 2012. Situé au sud-ouest de l’océan Indien, Madagascar est une île s’étirant sur près de 1 500 km du nord au sud entre l’archipel des Mascareignes à l’est et le canal du Mozambique avec la côte africaine à l’ouest. Sur cet immense territoire, immenses sont aussi les disparités régionales. Face à la misère qui sévit dans la capitale, Tananarive, ou à des régions comme l’extrême sud où menace chaque année la famine, Nosy Be dans le nord de Madagascar fait figure d’exception. Cette île située au nord-ouest possède un climat et un environnement propices au développement du tourisme. Des tour-opérateurs italiens ont su mettre en valeur ce potentiel en s’appuyant sur des structures hôtelières aux standards mauriciens et des liaisons aériennes directes depuis l’Italie. Toute une chaîne de valeur s’est créée avec des emplois, un secteur informel, des retombées directes et indirectes. Grâce aux nombreux investisseurs mais aussi à des financements institutionnels comme le projet PIC de la Banque Mondiale, Nosy Be est bien plus développée et mieux aménagée que le reste du pays. Malgré ces afflux de capitaux étrangers, le tourisme de masse qui s’y développe est loin de constituer un modèle durable. Ainsi l’île est-elle devenue au fil des années une destination étiquetée « tourisme sexuelle ». Cette réputation sulfureuse cachant une dure réalité pour des filles parfois mineures que l’exode rural a poussées vers Nosy Be . Véritable Eldorado, l’île touristique attire les visiteurs mais aussi une main d’œuvre venue des 4 coins du pays. Autant dire que le tourisme est loin de pourvoir aux besoins de cette population grandissante. Depuis le démantèlement des deux anciennes filières de la canne à sucre et de la pêche crevettière, c’est pourtant lui qui soutient l’économie locale. Même si plus d’argent y circule que dans le reste du pays, le coût de la vie y est plus cher et le chômage non moins élevé. Aux niveaux santé, éducation, accès à l’eau, et la plupart des 10 ODD, Nosy Be est à la traîne comme tout Madagascar. Hormis tous les impacts sociaux et économiques, l’environnement paye aussi un lourd tribut à la croissance du secteur touristique. Constructions sauvages, déversement d’eaux usées, terrassement de zones inondables, la liste est grande des dégâts visibles causés par l’activité humaine sur l’habitat naturel. Pourtant ce ne sont que les pressions apparentes qui occultent celles exercées à distance sur les écosystèmes de toute la sous-région. Il suffit de voir l’intensité du trafic entre la Grande Terre et l’île aux parfums, pour avoir une idée de ses besoins en matériaux de constructions, en bois de chauffage et en denrées alimentaires dont une quantité non négligeable de produits de la mer.

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